par Sophie Normand sur fragrantica.fr le 05/01/22
En décembre dernier, Les Parfumeurs du Monde ont présenté chez Jovoy six fragrances inédites. Celles-ci viennent rejoindre cette collection de parfums 100% naturels, entièrement redesignée pour l’occasion. Mon collègue Sergey ayant déjà présenté ces nouveautés dans les grandes lignes, je m’attarderais plutôt sur celles qui ont ma préférence.
Quelques mots, tout d’abord, sur cette marque fondée par Thierry Bernard, née de la rencontre de 6 parfumeurs passionnés de belles matières naturelles. Thierry Bernard, Jean-Claude et Eric Gigodot, Isabelle Gelé, Michel Roudnitska et Perrine Scandel se sont réunis autour d’un challenge, celui de créer une ligne 100% naturelle. “Loin des marques qui revendiquent une parfumerie à 98% naturelle en surfant sur ce concept, nous avons une charte de matières totalement naturelles, qui exclut l’hédione ou les muscs par exemple. Mais nous nous autorisons quelques isolats naturels (coumarine, vanilline par exemple). Privilégier une approche 100% naturelle, c’est une autre manière de se parfumer et de composer. Une autre écriture” explique Thierry Bernard. A noter que pour le lancement de ces nouveautés, quatre parfumeurs ont rejoint l’équipe: Nathalie Feisthauer, Bertrand Duchaufour, Ellen Dahlgren et Alexandre Isae Helwani.
Parmi les nouveautés qui ont retenu mon attention, je citerais Nam Chaa, signé Nathalie Feisthauer, dont Sergey vous a déjà vanté les mérites. Cette partition florale épicée s’inspire de la dégustation d’un thé noir sur une terrasse de Koh Tao, en Thailande. Le dossier de presse mentionne le jasmin, mais j’y décèle aussi les notes suaves et montantes de l’ylang-ylang, comme un clin d’œil à la fleur de frangipanier, qui s’épanouit en Asie du Sud-Est. Une dimension solaire, presque lactonique, ciselée d’agrumes, d’épices et de notes herbacées, avec un petit côté camphré (citron, pamplemousse, coriandre, gingembre). Dans un jeu de clair-obscur, cette facette est comme obscurcie par l’effet végétal et cuiré du thé et du maté, qu’affirment les bois en fond. L’ensemble dégage une esthétique, une finesse dans l’écriture, qui se démarque du style propre aux parfums 100% naturels.
Les Larmes d’Aden, signé Thierry Bernard, nous ramène vers l’Antiquité, aux origines du parfum. Un parfum dense, qui s’inspire des “routes anciennes du commerce de l’encens”. Un voyage au port d’Aden, au sud de Yémen, lieu d’échanges entre l’Inde, l’Europe et l’Afrique. Autour du thème de l’encens Ketoret de Jérusalem, Thierry Bernard a brodé un oriental miellé, riche en résines. Une inspiration qui m’évoque celle d’une création de Dominique Ropion pour un speed-smelling IFF (2017). Un hommage au Kyphi, le premier parfum ancestral, composé d’une vingtaine d’ingrédients dont l’encens, la myrrhe, le miel, le genêt, des épices…. On retrouve ici cette dimension miellée et baumée dès l’envolée du parfum. L’absolu de cire d’abeille saute au nez, ses rondeurs aérées de la fraîcheur zestée et lumineuse du néroli, et des notes acidulées du cédrat. Le gingembre offre un tour pétillant au parfum, le galbanum amorce la facette résineuse avec ses notes vertes et montantes. Le jasmin prolonge l’éclat des notes de tête avec volupté, alors que se dessinent les brumes boisées, terpéniques et balsamiques de l’encens. La myrrhe en prolonge l’effet des ses accents anisés et confits, le labdanum souligne la présence des baumes avec sensualité. Opulent, riche, intense, un parfum qui séduira autant pour son souffle mystique que pour l’effet presque vintage de ses notes miellées.
Je vous invite à découvrir le reste de la gamme vêtue de ses nouveaux écrins, dont les quatre autres nouveautés: Petite fumée signé Bertrand Duchaufour, Tjärn par Ellen Dahlgreen, Makeda par Alexandre Helwani, et Androgyne 16020 par Isabelle Gellé.
L’ensemble de la collection est disponible au format 50 ml/145 euros.
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